(par Laurent Archambault[1] et Cassandra Rotily[2] )
S Y N O P S I S
I. INTRODUCTION
II. UN USAGE PORTEUR DE RISQUES ET DE MENACES : ENTRE RISQUE D’ACCIDENT ET MENACES D’ACTES MALVEILLANTS
A. LE SURVOL DE PROPRIÉTÉS PRIVÉES ET DE ZONES URBAINES
1. LE SURVOL DE PROPRIÉTÉS PRIVÉES ET LA CAPTATION DE DONNÉES PERSONNELLES
2. LE SURVOL DE ZONES URBAINES ET DE PERSONNES ET LE RISQUE DE CHUTE
B. LE SURVOL DE SITES SENSIBLES : ENTRE MENACES D’ACTES TERRORISTES, MENACE POUR LA SÛRETÉ DE L’ÉTAT ET ESPIONNAGE ÉCONOMIQUE
III. LA NEUTRALISATION DES DRONES MALVEILLANTS
A. LA NEUTRALISATION IN SITU
B. LES ENQUÊTES DILIGENTÉES A POSTERIORI ET LA RÉPONSE OPÉRATIONNELLE ET LÉGISLATIVE
IV. CONCLUSION
A B S T R A C T
Since 2014, the multiplication of overflights of sensitive areas by unmanned aerial vehicles (UAV) has highlighted the increasing use of airspace by these devices. These overflights also showed the difficulty for the services of the French and German States to enforce the overflight restrictions. The modus operandi of drones, stealth and remote-controlled, make it difficult to penalise offences. These overflights include risks and threats; the overflight of private properties could breach the right to privacy. The overflight of urban areas could harm people’s safety and affect properties in case of a UAV crash. The use of UAV can threaten air traffic, vulnerable installations and sensitive sites; it interferes with safety, and affects the credibility of the public authorities, institutions or companies. Fortunately, State security forces can neutralise UAV by different means to stop these dangerous and illicit uses. Several companies have developed technologies to detect communications between a UAV and its remote control to trace back to the UAV operators. On top of that, the law of both countries has been adjusted with regislation procedures to identify the perpetrators of these illicit overflights.
R É S U M É
Depuis 2014, on constate une multiplication de survols de zones sensibles par drone. Ceci révèle par voie de conséquence que les drones sont de plus en plus présents dans l’espace aérien. Ces survols ont d’ailleurs mis en évidence les difficultés rencontrées par les services des États français et allemand pour faire respecter les interdictions de vol. Les modes opératoires des drones, furtifs et télépilotés, rendent difficile la sanction des infractions. Ces survols sont porteurs de risques et de menaces. Ainsi, le survol de propriétés privées peut porter atteinte au droit au respect de la vie privée et le survol de zones urbaines peut nuire à la protection des personnes et des biens en cas de chute. L’utilisation des drones peut également menacer le transport aérien, les installations et les sites sensibles. La sécurité des personnes et la crédibilité des pouvoirs publics, des institutions ou des entreprises peuvent être engagées et menacées. Heureusement, les forces de l’ordre peuvent procéder à la neutralisation des drones par différents moyens pour faire cesser ces usages illicites dangereux, parfois malveillants. Plusieurs sociétés ont mis au point des technologies permettant de détecter la communication entre un drone et sa télécommande pour remonter jusqu’aux télépilotes et, le droit des deux pays s’est adapté, afin d’identifier les auteurs de ces survols illicites.
K E YW O R D S
Drone; Overflight; French law; German law; Unmanned aerial vehicles; UAV; UAV operators; Urban areas; Airports; Regulations.
I. INTRODUCTION
Faciles à piloter, furtifs et capables d’emporter des charges, les drones font craindre de potentiels usages malveillants[3]. Peu coûteux et faciles d’accès, les drones sont devenus l’un des objets standards que l’on retrouve désormais au sein des familles françaises et allemandes.
Les survols illégaux de zones sensibles, très médiatisés, ont mis en évidence l’utilisation croissante de l’espace aérien par ces engins et le non-respect de la réglementation par certains télépilotes. Ces survols ont démontré la difficulté pour les autorités françaises et allemandes de faire respecter les interdictions de survols existantes et à identifier les contrevenants.
En France en 2018, « 135 infractions impliquant des drones ont été constatées dont 35 survols de zones interdites, auxquels s’ajoutent les survols de la prison de Fresnes »[4]. En 2016, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) « relevait 45 signalements de drones à proximité d’aéroports ou d’aéronefs »[5].
Selon les chiffres publiés par la Deutsche Flugsicherung (DFS)[6], le nombre d’incidents impliquant des drones est en augmentation en Allemagne. En septembre 2018, 158 faits impliquant la présence de drones au sein de l’espace aérien ont été signalés par les pilotes, dont la grande majorité se sont produits à proximité immédiate des aéroports. Tandis qu’en 2017, il n’y avait eu que 88 signalements de ce type5.
Les usages malveillants des drones vont jusqu’à menacer les représentants des États en personne. Ainsi, en 2018, le Président de la République française Emmanuel Macron en a subi les conséquences avec le survol d’un drone au-dessus de sa résidence de vacances au fort de Brégançon[7]. En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a subi le même sort en plein meeting en 2013, ce drone était inoffensif, mais il aurait très bien pu être chargé d’explosifs.
L’État français s’est mobilisé dès 2015 afin d’apporter une réponse globale à cette problématique. Ainsi, « sous l’égide du Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), quatre groupes de travail interministériels ont été constitués » dans le but de trouver des « solutions équilibrées à la problématique des survols illicites, en évitant de pénaliser inutilement la filière professionnelle encore fragile et respectueuse de la réglementation »[8]. Grâce à ces travaux, un rapport du Gouvernement au Parlement a pu être rédigé en 2015. Les conclusions de ce rapport ont permis le dépôt d’une proposition de loi auprès du Sénat en mars 2016. Cette proposition de loi est devenue la loi n°2016-1428 du 24 octobre 2016 relative au renforcement de la sécurité de l’usage des drones civils en précisant les dispositions applicables en la matière ainsi que les sanctions qui y sont assorties.
L’Agence Nationale de la Recherche française (ANR) a également ouvert un appel à projets pour la protection des zones sensibles afin de détecter, localiser et neutraliser les drones qui survoleraient ces zones. Les projets BOREADES[9], ANGELAS[10] et SPID[11] ont été retenus pour la « crédibilité de la réponse apportée aux différents scénarios de survol de drones »[12].
Les deux pays se sont dotés de règles plus strictes au fil des années afin d’améliorer la sécurité des personnes et des biens face à ces nouvelles menaces. Cependant, ces règles ne sont pas toujours claires et intelligibles pour les télépilotes, notamment ceux qui utilisent les drones à titre de loisir. En outre, cette hausse du nombre de drones en circulation soulève des inquiétudes liées à la protection de la vie privée. Il a donc fallu faire preuve de pédagogie et rendre les dispositions légales accessibles aux télépilotes. Ainsi, les deux pays se sont dotés de fiches explicatives simplifiées, telles la fiche « 10 règles d’usage du drone de loisir »[13] en France et la fiche « Les nouvelles règles de Droit sur les drones, un aperçu des règles importantes »[14] en Allemagne.
En France tout comme en Allemagne, l’utilisation croissante des drones a augmenté le nombre d’incidents et d’actes malveillants, il convient de neutraliser ces drones et d’apporter des réponses juridiques et opérationnelles à ces nouveaux problèmes.
II. UN USAGE PORTEUR DE RISQUES ET DE MENACES : ENTRE RISQUE D’ACCIDENT ET MENACES D’ACTES MALVEILLANTS
Le survol de propriétés privées et de zones urbaines (A) comporte plusieurs risques comme le risque d’atteinte à la vie privée ou encore le risque de chute d’un drone sur la population. Le survol de zones sensibles (B) menace également la sécurité des personnes et risque de porter atteinte à la sûreté de l’État.
A. LE SURVOL DE PROPRIÉTÉS PRIVÉES ET DE ZONES URBAINES
Le survol de propriétés privées et de zones urbaines risque de porter atteinte à la sécurité et aux droits des personnes.
1. LE SURVOL DE PROPRIÉTÉS PRIVÉES ET LA CAPTATION DE DONNÉES PERSONNELLES
Les drones offrant un large éventail d’applications civiles, certains usages peuvent impliquer la collecte de données à caractère personnel et être à l’origine d’interrogations déontologiques ou de craintes concernant la protection de la vie privée ou la protection des données personnelles[15]. La pluralité des auteurs ayant recours aux drones dans le cadre de leurs missions, qu’ils soient issus de sociétés commerciales, des entités gouvernementales ou encore leur utilisation par des particuliers, fait craindre que ces engins soient utilisés pour « espionner » les personnes dans leur espace privé. Ainsi, ce qui touche « à la protection de la vie privée apparaît aujourd’hui comme l’une des principales préoccupations du public quant à l’utilisation de drones »[16]. Selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), il est contre-productif d’opposer artificiellement la protection de la vie privée et l’innovation : « il ne s’agit pas uniquement de protéger les personnes contre les risques des technologies ou de rendre celles-ci plus « acceptables » socialement, mais d’éviter que des atteintes volontaires ou involontaires aux droits des personnes se multiplient à l’avenir »[17].
En France, un drone peut tout à fait survoler, sous conditions, une propriété privée sans l’aval du propriétaire, tel un avion de ligne. Le fait de survoler une habitation n’est pas considéré en soi comme une entrave au droit de propriété. A contrario, le drone est un vecteur qui permet de collecter facilement des données personnelles (images, voix, détection de bornes WIFI mal sécurisées, etc.). Ainsi la captation et la diffusion de ces données peuvent porter atteinte au respect de la vie privée.
Deux textes fondamentaux consacrent à l’échelle internationale la protection de la vie privée. Il s’agit de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme[18] et l’article 7 de la Charte des Droits fondamentaux[19].
En droit français, l’article 9 du Code civil consacre le droit de chacun au respect de sa vie privée, dispositif assez large pour englober tous les éléments de la vie privée. La jurisprudence a consacré de manière prétorienne le droit de toute personne au respect de son image, ce qui comprend le droit de s’opposer à la fois à la captation et à la publication de son image[20].
Tandis que dans l’ordre interne allemand, le Bürgerliches Gesetzbuch (BGB)[21], ne protège pas la vie privée de façon générale. À partir de 1954, la jurisprudence allemande s’est fondée sur les dispositions constitutionnelles pour faire émerger le « droit général de la personnalité »[22]. La loi fondamentale allemande précise que : « chacun a droit au libre épanouissement de sa personnalité pourvu qu’il ne viole pas les droits d’autrui et n’enfreigne pas l’ordre constitutionnel ou la loi morale », « la dignité de l’être humain est intangible. Tous les pouvoirs publics ont l’obligation de la respecter et de la protéger ». L’article 823-1 du BGB précise en outre que « celui qui, délibérément ou par négligence, porte atteinte de façon illicite à la vie, à l’intégrité corporelle, à la santé, à la liberté, à la propriété ou à tout autre droit d’autrui, doit réparer le dommage qui en résulte ». En s’appuyant sur l’ensemble des dispositions précitées, le droit général de la personnalité a pu être défini comme « le droit que possède l’individu, vis-à-vis de toute autre personne, au respect de sa dignité d’homme et de sa personnalité propre ». Le droit à l’image (Recht am eigenen Bild) a été dégagé par la jurisprudence allemande en 1983.
Le droit allemand est plus restrictif que le droit français concernant le survol des zones résidentielles. Il prévoit l’interdiction de survol de celles-ci dans son Code de la circulation aérienne (Luftverkehrs-Ordnung- LuftVO) en sa section 5a et son paragraphe 21b. Cette interdiction s’applique lorsque la masse du drone est supérieure à 0,25 kg ou si celui-ci ou sa charge utile est capable d’émettre ou d’enregistrer des images, d’émettre des sons ou de capter des signaux radio. Par exception, le survol des propriétés privées n’est permis que si les propriétaires concernés ont expressément consenti au survol de leur propriété.
Le droit français prévoit quant à lui que « le droit pour un aéronef de survoler les propriétés privées ne peut s’exercer dans des conditions telles qu’il entraverait l’exercice du droit du propriétaire » au sens de l’article L6211-3 du Code des transports. Ainsi, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. Il appartient donc à l’exploitant d’évaluer avant le vol si celui-ci est de nature à « entraver l’exercice du droit du propriétaire »[23]. Avant tout vol, le télépilote d’un drone est tenu de s’interroger sur le fait de savoir s’il entrave ou non l’exercice du droit du propriétaire, notamment dans le cadre d’un vol à basse altitude, d’où l’intérêt que l’exploitant se coordonne avec le propriétaire.
En droit allemand comme en droit français, cette protection de la vie privée se traduit par des sanctions civiles, comme l’octroi de dommages-intérêts ou la possibilité pour le juge d’ordonner des mesures de cessation du trouble ou de prévention. Le fait de porter atteinte à la vie privée est pénalement sanctionné dans le droit des deux pays. Le Code pénal français condamne ainsi le « délit d’atteinte à la vie privée », son équivalent se retrouvant dans le Code pénal allemand qui sanctionne les « infractions contre la vie privée et l’intimité ».
En France, l’article 226-1 du Code pénal prévoit que le fait de prendre en photo une personne se trouvant dans un lieu privé sans son consentement est puni d’un an d’emprisonnement et de EUR 45 000 d’amende. D’après cette même disposition, le consentement de la personne est présumé lorsque ces images ont été captées « au vu et au su des intéressés sans qu’ils s’y soient opposés » alors « qu’ils étaient en mesure de le faire ». Cette disposition ne peut être que théorique en cas d’image captée par un drone, l’engin étant éloigné de la personne, la distance de prise de vue ne rend pas toujours l’interdiction aussi perceptible. Quand bien même la personne photographiée s’en rendrait compte, il parait compliqué pour elle de manifester son opposition.
De surcroît, la personne photographiée ne pourra pas forcément identifier le télépilote du drone qui capte ces images pour se prévaloir d’une atteinte à la vie privée. L’article 226-2 du Code pénal condamne en outre le fait de « conserver, porter ou laisser porter à la connaissance du public ou d’un tiers ou d’utiliser de quelque manière que ce soit tout enregistrement ou document » obtenu en enregistrant ou en transmettant l’image d’une personne qui se trouve dans un lieu privé sans son consentement.
Le Code pénal allemand (Strafgesetzbuch) en son paragraphe 201a concernant l’atteinte à la vie privée par l’enregistrement d’images, prévoit que la violation de la sphère privée par le biais d’enregistrements ou de transfert d’image est punie d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement assortis d’une amende.
Outre le survol de propriétés privées, le survol de zones urbaines en général menace la sécurité des personnes et des biens du fait de la forte densité de population présente dans ces zones.
2. LE SURVOL DE ZONES URBAINES ET DE PERSONNES ET LE RISQUE DE CHUTE
En France en 2014, un lycéen de Nancy a été condamné à une peine d’amende de EUR 400 pour avoir survolé et filmé la place Stanislas avec un drone[24]. Le lycéen ayant posté sa vidéo sur internet après le survol non autorisé, les faits ont alerté la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Le lycéen a été jugé coupable d’avoir télépiloté cet engin de manière non conforme aux règles de sécurité concernant les équipements de l’appareil ainsi que son utilisation[25]. De plus, il avait enregistré les images du territoire survolé. Il a également été jugé coupable du délit de risques causés à autrui au visa de l’article 223-1 du Code pénal. Cette condamnation a été la première de ce type en France et a incontestablement servi d’exemple dissuasif pour les télépilotes[26].
En France, le survol au-dessus de l’espace public en agglomération n’est pas autorisé dans le cadre de l’utilisation à titre de loisir. Pour procéder à un tel survol, il convient d’être professionnel. Ainsi, la réglementation applicable aux activités particulières permet, dans le cadre du scénario 3, de survoler les agglomérations. Bien entendu, pour avoir le droit de survoler une agglomération, les autres conditions d’utilisation sont plus strictes. Avant tout vol en zone peuplée, une déclaration doit être faite à la préfecture territorialement compétente avec un préavis de 5 jours ouvrables.
Concernant le survol des personnes, le droit français est plus que complexe. S’il est certain que le survol de la foule est interdit dans le cadre d’un usage à titre de loisir, le droit est moins clair concernant les activités particulières. Il faut distinguer pour ce faire deux catégories de personnes; les personnes directement impliquées dans la mission menée par les professionnels et les tiers.
Dans le cadre des scénarios S1 à S3, l’exploitant doit prendre « toute disposition qu’il juge nécessaire, au moyen d’aménagements au sol et/ou à l’aide de personnels, pour éloigner les tiers de la zone d’opération afin de limiter les risques en cas de crash ou d’atterrissage d’urgence ». Pour les scénarios S1 et S3, l’exploitant doit « s’assurer qu’à tout moment du vol aucun tiers non autorisé ne pénètre dans la zone d’exclusion ». Pour le scénario S2, l’exploitant doit prendre toute disposition nécessaire pour « réduire le risque d’intrusion d’un tiers non autorisé dans la zone d’exclusion ». Peuvent pénétrer à l’intérieur de la zone d’exclusion avec la possibilité d’être survolées, les personnes directement impliquées dans la mission, comme les personnes impliquées dans le pilotage, dans la gestion de la charge utile ou sans lesquelles l’opération n’aurait pas lieu[27].
Dans le cadre du S4, l’absence de survol de tiers isolés ne peut être totalement garantie. Toutefois, la probabilité de survol de tiers est réduite par l’interdiction de survol de zones peuplées dans le cadre de ce scénario[28]
Le vol en dehors de ces quatre scénarios est possible, une autorisation spécifique est à solliciter auprès de la Direction de la sécurité de l’Aviation civile (DSAC) compétente[29] après étude au cas par cas d’un dossier justifiant le maintien d’un niveau de sécurité acceptable.
En Allemagne, le survol des foules est interdit en vertu du paragraphe 21b du Code de la circulation aérienne (Luftverkehrs-Ordnung- LuftVO). Des dérogations à cette interdiction peuvent être accordées, en vertu du paragraphe 21a du Code précité, si l’usage d’un drone ne présente aucun risque pour la sécurité du trafic aérien, la sécurité publique ou l’ordre public. Cette utilisation dérogatoire doit respecter les règles relatives à la protection des données et celles relatives à la protection de l’environnement. Ce survol doit également prendre en compte la protection de la population contre le bruit.
Dans les zones à forte densité de population, la chute d’un drone ou son utilisation comme vecteur pour larguer différents types d’objets ou d’armes peut avoir des conséquences importantes. Le drone peut tomber tant à la suite d’un dysfonctionnement technique que d’une erreur de télépilotage ou encore en heurtant un obstacle. En fonction du lieu de chute de l’engin ou des objets largués, les dommages qui en résultent peuvent être plus ou moins graves. Ce pour quoi, les conditions d’utilisation du drone en zones urbaines sont plus restrictives, plus il y a de personnes et de biens, plus la chute d’un engin ou d’un objet peut avoir des conséquences graves.
Le survol de sites sensibles s’avère également délicat, car il peut porter atteinte à la protection du secret de la Défense nationale ou de grands groupes industriels. Dans le contexte actuel marqué par le développement du terrorisme, ces survols sont d’autant plus inquiétants puisqu’ils peuvent servir le repérage à de futures actions terroristes.
B. LE SURVOL DE SITES SENSIBLES : ENTRE MENACES D’ACTES TERRORISTES, MENACE POUR LA SÛRETÉ DE L’ÉTAT ET ESPIONNAGE ÉCONOMIQUE
Les drones peuvent aussi être utilisés dans le cadre d’opérations (revendiquées ou non) pour servir à décrédibiliser l’État ou certains de ses opérateurs en survolant des zones sensibles tels les centrales nucléaires, les bases militaires ou encore les aéroports. Certaines actions sont également menées au-dessus de sites industriels « dans une logique d’espionnage économique »[30]. Il ne faut pas perdre de vue que certaines infractions sont également commises par méconnaissance de la réglementation applicable sans intention de nuire, il est toutefois compliqué d’identifier l’intention du télépilote à la seule vue du drone au-dessus de tels sites sensibles.
Les drones dépourvus de dispositifs d’évitement risquent d’entrer en collision avec d’autres aéronefs ; des engins de sécurité civile (hélicoptères de secours) ou avec des appareils militaires en entrainement sans oublier le risque de collision avec des appareils de l’aviation civile. Le nombre total de « signalements de drones aux abords d’aéroports français accueillant du trafic commercial recensés par la DGAC est passé de 1 en 2013, à 13 en 2014, 33 en 2015 et 81 en 2016 »[31]. Depuis la fin 2013, plusieurs incidents aériens impliquant des drones ont eu lieu sur des aéroports du monde entier, engendrant des retards, voire des fermetures de plateformes aéroportuaires. Le 6 août 2016, lors de son atterrissage à Munich, un drone s’est dangereusement approché d’un avion de ligne. Dans les cas les plus graves, le drone peut endommager gravement un aéronef ; l’Université de Dayton aux États-Unis a réalisé la première simulation de collision entre un drone et un avion léger. Le résultat d’une telle collision est impressionnant ; le bord d’attaque est perforé et le longeron endommagé. Cette simulation pourra engendrer une prise de conscience, salvatrice, de la dangerosité de la présence de drones à proximité d’aéronefs[32].
En 2016, un ingénieur britannique dénommé John Large mandaté par Greenpeace publiait un rapport alarmiste sur les anomalies détectées dans l’industrie nucléaire[33]. En juillet 2018, un drone « Superman » s’est écrasé sur le bâtiment d’une centrale nucléaire près de Lyon, action revendiquée par Greenpeace, qui cherchait à démontrer la vulnérabilité des centrales nucléaires face aux intrusions et attaques de drones. Le jugement correctionnel du tribunal de grande instance de Bourges rendu le 12 octobre 2016 constitue l’une des rares décisions en matière de survol de zones sensibles par un drone. Dans cette affaire, les juges ont sanctionné le survol par un drone du périmètre autour de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire[34].
Même si ces survols de zones interdites sont peu nombreux par rapport aux infractions relatives aux drones en général en France (4 sur 154 en 2016 et 8 sur 142 en 2017 selon la Gendarmerie), ces survols sont toujours vécus comme une défiance vis-à-vis de la sûreté de l’État et mettent assurément en péril la sécurité des personnes et des biens.
Les drones ne peuvent pas évoluer au-dessus de tous les lieux. L’article L6211-4 du Code des transports prévoit que le « survol de certaines zones du territoire français peut être interdit pour des raisons d’ordre militaire ou de sécurité publique ». De ce fait, les drones ne pourront pas évoluer à l’intérieur de zones interdites de manière permanente ou de manière temporaire. L’information aéronautique AIP ENR 5.1 énumère les zones interdites, réglementées et dangereuses[35].
L’article L6232-12 Code des transports sanctionne le fait d’engager, de survoler ou de maintenir en vol un drone au-dessus d’une zone en violant une interdiction, par une peine d’emprisonnement d’un an et de EUR 45 000 d’amende. L’article L6232-13 prévoit également une peine complémentaire à savoir la confiscation du drone ayant servi à la commission de l’infraction.
Le droit allemand prévoit le même type d’interdiction de survol de zones sensibles dans son Code de la circulation aérienne (LuftverkehrsOrdnung- LuftVO) en son paragraphe 21b[36], relatif aux cas d’interdictions d’usage des systèmes aériens sans pilote. Le n°3 du paragraphe précité prévoit notamment l’interdiction de survol par drone des prisons, des installations pénitentiaires, des installations militaires et des installations de production et de distribution d’énergie. Ce paragraphe prévoit également l’interdiction de survol des hôpitaux (afin d’éviter les collisions avec les hélicoptères de sauvetage). Toutefois, l’autorité compétente peut accorder des dérogations à ces interdictions, notamment lorsque la mission menée à l’aide d’un drone ne présente aucun risque pour la sécurité du trafic aérien, la sécurité publique ou l’ordre public.
Le droit allemand prévoit une zone d’exclusion spéciale de survol par drones autour des aéroports en vertu du paragraphe 21 du Code de la circulation aérienne relatif à l’utilisation de l’espace aérien contrôlé et de l’espace aérien au-dessus des aérodromes avec des unités de contrôle du trafic aérien[37].
En France, l’arrêté du 1er mars 2019[38] a mis à jour la liste des zones interdites de captation aérienne sur le territoire français. Ainsi les télépilotes devront veiller, avant chaque mission, à l’absence d’interférence entre le site survolé et les zones interdites ou, à défaut qu’il dispose des dérogations nécessaires. En effet, les télépilotes professionnels peuvent solliciter des dérogations, accordées par le ou les ministres de tutelle de la zone en vertu de l’article D133-10 du Code de l’aviation civile.
Si la grande majorité des utilisations de drone n’engendrent pas d’incidents, d’autres peuvent porter une atteinte plus ou moins lourde à la sécurité des personnes et des biens. Ainsi, les forces de l’ordre doivent envisager leur neutralisation.
III. LA NEUTRALISATION DES DRONES MALVEILLANTS
Constituant la première réponse régalienne à l’utilisation malveillante de drones, en France comme en Allemagne, la neutralisation de ceux-ci va s’effectuer par différents procédés (A) qui précèderont la mise en place d’une enquête et au besoin la mise à jour de l’outil judiciaire ainsi que des changements opérationnels (B).
A. LA NEUTRALISATION IN SITU
La gendarmerie dispose de différents moyens de brouillage pour neutraliser des drones. En effet, les forces de sécurité intérieure disposent de fusils de brouillage portatifs, mais aussi de dispositifs fixes. La gendarmerie a mis un dispositif complet pour se prémunir des survols de drones et permettre également de les repousser, d’interpeller les télépilotes et de saisir leurs drones.
Un tel dispositif a été déployé durant la fête du citron à Menton dans les Alpes-Maritimes du 17 février au 4 mars 2018. En effet, durant ces festivités, un binôme composé d’un militaire de la Section des systèmes d’information et de communication (SSIC) du groupement ainsi que d’un militaire de la brigade de gendarmerie des transports a été chargé de veiller à ce que la zone de festivités ne soit pas survolée par des drones. Le binôme chargé de la lutte anti-drones a veillé à ce que des télépilotes, imprudents ou malintentionnés, ne survolent pas la fête par drone. Lors de cette fête, aucun survol indésirable n’a été réalisé. Dans le cas contraire ; « la police serait intervenue pour interpeller l’individu, puis la gendarmerie des transports aériens pour vérifier le respect de la réglementation par le propriétaire du drone »[39]. Un dispositif de lutte anti-drones a également été déployé à l’occasion du carnaval de Nice de 2018, mais cette fois-ci la Section des systèmes d’information et de communication a dû intervenir pour repousser un drone alors en vol stationnaire au-dessus de la foule.
Autre solution utilisée, la neutralisation des drones par le biais d’aigles royaux. La base aérienne de Mont-De-Marsan s’est dotée d’aigles pour contrer les drones malveillants. Le dressage de ces animaux à la neutralisation bénéficie d’un avantage indéniable, l’aigle rapporte le drone au sol, il n’y a ainsi pas de risque de chute de l’engin comme cela peut être le cas avec d’autres moyens de neutralisation des drones. L’aigle maintient l’engin au sol jusqu’à l’arrivée du fauconnier.
L’utilisation des dispositifs de brouillage demeure une compétence régalienne. En effet, en France le fait pour une personne d’utiliser ou de posséder un brouilleur d’ondes sans autorisation ou en dehors des cas prévus par la loi est sanctionné de six mois de prison et de EUR 30 000 d’amende d’après l’article L39-1 du Code des postes et communications électroniques. Un brouilleur risque de perturber aussi bien les communications entre drones et télépilotes, mais également de perturber les autres services, comme l’aviation civile ou le transport[40]. En 2012, une personne a été condamnée à EUR 2000 d’amende pour avoir utilisé un brouilleur GPS dans sa voiture, garée à proximité de l’aéroport de Nantes. Ce brouilleur a engendré des signaux empêchant les pilotes de ligne d’utiliser leur propre GPS. Ainsi l’Agence Nationale des fréquences a rappelé que « personne ne peut posséder un brouilleur voire l’utiliser, sauf certains services étatiques pour les besoins de l’ordre public, de la défense et de la sécurité nationale ou pour le service public de la justice »[41].
La neutralisation du drone par le biais de son piratage par les autorités est également envisagée. Cette neutralisation se structure grâce à l’expertise de plusieurs services étatiques comme le centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) du pôle judiciaire de la Gendarmerie nationale à Rosny-sous-Bois.
En droit allemand, il n’y a pas de mention légale spécifique portant expressément sur la neutralisation des drones. Toutefois, la police allemande peut se fonder sur la « clause générale » (Generalklausel) pour agir. Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’il y a 16 services de police des États fédéraux (et un service de police fédérale). Chaque service de police dispose ainsi de sa propre clause générale. Heureusement, toutes ces clauses sont très similaires. Prenons l’exemple de la clause générale de la police en Rhénanie-Palatinat, en se fondant sur le paragraphe 9 de la loi sur la police de Rhénanie-Palatinat (Polizeigesetz Rheinland-Pfalz (POG)) qui dispose que « les forces de l’ordre peuvent prendre les mesures nécessaires pour prévenir un danger qui menacerait la sécurité ou l’ordre public ». La police allemande peut décider d’agir en cas de danger et neutraliser le drone. En l’absence d’existence de dispositions spécifiques prévues pour neutraliser les drones, la police est libre de décider par quels moyens elle pourra neutraliser les drones malveillants. Cependant, la police allemande doit toujours veiller à respecter le principe de proportionnalité, par exemple une destruction du drone n’est pas forcément nécessaire en cas de neutralisation.
La société Dedrone[42] implantée à Kassel en Allemagne a créé un dispositif de lutte contre les drones (DroneTracker). Ce système fixé sur les bâtiments permet de détecter et de signaler les drones qui s’approcheraient. Le Dronetracker permet également de détecter et de localiser le télépilote et permettre une intervention rapide des forces de sécurité. Sur le même principe, la start-up française CerbAir[43] a créé un système permettant de détecter la communication entre un drone et sa télécommande et ainsi localiser le drone et son télépilote. Ces informations peuvent être envoyées aux forces de l’ordre ou le dispositif peut neutraliser immédiatement le drone à l’aide de contre-mesures électroniques (cette dernière solution n’est envisageable que pour les besoins de l’ordre public, de la défense et de la sécurité nationale ou du service public de la justice)[44].
Si les technologies de détection de drones sont efficaces et répandues, le problème se pose quant aux moyens de neutralisation de drones au sein de sites aussi sensibles que des aéroports, notamment eu égard aux interférences électromagnétiques. Ce pourquoi, l’accent est mis sur les systèmes de détection des drones au sein des sites sensibles. Il est désormais possible de localiser un drone avant même qu’il n’ait commencé à décoller, cette technologie développée par CerbAir est déjà déployée sur des aéroports à l’instar de Roissy Charles de Gaulle.
Une fois, la neutralisation effectuée, les forces de sécurité doivent diligenter une enquête puis transmettre les faits au Parquet qui décidera ou non de donner une suite à la procédure. Une réponse législative peut également venir compléter cette lutte contre les drones malveillants afin de remonter aux propriétaires des engins, notamment grâce à l’immatriculation et à l’enregistrement des drones.
B. LES ENQUÊTES DILIGENTÉES A POSTERIORI ET LA RÉPONSE OPÉRATIONNELLE ET LÉGISLATIVE
En France, la gendarmerie des transports aériens (GTA) est compétente au niveau national pour gérer les incidents liés aux drones. Elle a diligenté depuis 2014 près de 300 enquêtes. Elle saisit environ 40 drones par an. De plus, le centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale dispose déjà d’une compétence reconnue pour analyser les drones saisis lors de survols illicites pour déterminer le plan de vol qui a été suivi et retrouver les télépilotes auteurs du survol.
En l’absence de trace radar laissée par les drones, les signalements de drones enfreignant la loi sont difficiles à caractériser et à analyser[45]. Ainsi, la réglementation relative aux drones a été renforcée pour dissuader les survols au-dessus de zones sensibles et zones urbaines et pour lutter contre les infractions relatives à la vie privée. Il a fallu se munir de moyens permettant d’identifier les télépilotes auteurs de ces usages malveillants pour que la loi soit réellement efficace.
Ainsi, grâce à l’immatriculation et à l’enregistrement légalement prévus en France, il sera désormais plus aisé de remonter au propriétaire du drone. L’article L6111-1 du Code des transports prévoit que les drones dont la masse excède 25 kilogrammes sont soumis à une obligation d’immatriculation. Les drones dont la masse est inférieure à 25 kilogrammes ne sont pas soumis à immatriculation, mais ils sont soumis aux modalités de l’enregistrement si leur poids est supérieur ou égal à 800 grammes. Depuis le 26 décembre 2018, ces drones de 800 grammes ou plus devront être enregistrés par leur propriétaire sur le portail « AlphaTango ». Ce portail a pour dessein de renforcer encore plus la sécurité relative aux usages des drones, il permet d’identifier quel drone appartient à quel propriétaire. En outre, ce portail offre aux télépilotes de loisir la possibilité de suivre la formation obligatoire en ligne « Fox AlphaTango » afin d’obtenir une attestation de suivi de formation[46]. Cette formation permet de s’assurer que les règles élémentaires sont bien connues par les télépilotes de loisir. Pour les télépilotes professionnels, le portail ajoute la possibilité de notifier ses vols en zone peuplée à la préfecture territorialement compétente, ce qui s’avère bien moins contraignant que le remplissage d’un formulaire[47]. Les démarches ainsi facilitées en raison de leur accès en ligne devraient largement inciter les télépilotes à se conformer à leurs obligations.
En Allemagne, les propriétaires de drones pesants plus de 0,25 kilogramme doivent apposer une plaque portant le nom et l’adresse du propriétaire. Les propriétaires de drones dont la masse est supérieure à 2 kilogrammes doivent également apposer une plaque et justifier en plus de connaissances particulières. La preuve de ces connaissances est apportée par la réussite à un examen réalisé par un organisme reconnu par l’Office fédéral de l’aviation ou délivré par une association sportive aérienne. Pour les drones dont la masse excède 5 kilogrammes, les propriétaires doivent obtenir en plus un permis délivré par les autorités nationales de l’aviation[48].
Avec internet, n’importe quelle personne peut acheter un drone. La nécessité de donner une information claire sur l’usage de ces aéronefs est alors apparue. En France, la loi n° 2016-1428 du 24 octobre 2016 relative au renforcement de la sécurité de l’usage des drones civils a permis d’insérer une nouvelle disposition cruciale au sein du Code de la consommation. L’article L425-1 du Code de la consommation dispose en effet que les fabricants ou importateurs de drones doivent inclure une notice d’information relative à l’usage des drones dans les emballages de leurs produits et ceux des pièces détachées. En outre, cette mesure s’applique également au vendeur d’un drone d’occasion. Cette notice vise à rappeler aux acheteurs de drones les règles à respecter afin d’utiliser ces appareils en conformité avec la législation et la réglementation applicables.
Face aux usages illicites des drones, on peut cependant regretter la disparité des textes pour condamner ces utilisations à risque, les juges devant s’appuyer sur plusieurs dispositions émanant de sources différentes pour justifier leur sanction (Code de l’aviation civile, Code des transports, Code pénal, Code civil…), il en va de même dans le droit allemand (seize services de police des États fédéraux, Code de la circulation aérienne, Code pénal…). Cette variété de textes nuit à la clarté et l’intelligibilité de la loi, notamment pour les utilisateurs de drones à titre de loisir.
Les nouvelles rénovations législatives devront veiller à remédier à ce manque d’intelligibilité en créant par exemple, dans le Code le plus adapté, une section complète sur le drone et son utilisation. De plus, les autorités françaises et allemandes doivent continuer leurs démarches en créant des fiches d’information simplifiées et accessibles. Cet accès à l’information pour les télépilotes peut être facilité en variant les supports d’information (notamment en recourant au canal vidéo)[49] et en augmentant les démarches et formations qui peuvent être réalisées en ligne. On peut également imaginer la création d’une obligation d’information pré-contractuelle spécifique, imposant aux vendeurs de drones d’expliquer que l’usage de ces engins est très encadré par la loi et que les clients doivent prendre connaissance des dispositions légales présentes au sein de la notice d’information. Cette obligation pourra être remplie par la présence de spots vidéos au sein des enseignes de distribution diffusant synthétiquement les principales règles d’usage d’un drone de loisir. En cas d’achat par internet, cette obligation peut consister en l’affichage de cette vidéo au moment de l’achat du drone.
IV. CONCLUSION
À l’avenir, afin d’éviter les incidents liés aux drones, la technologie devra permettre de géolocaliser et identifier trajectoire et altitude. Un système de partage en temps réel des informations devra être conçu. En outre, les infractions relatives aux drones pourront être punies plus aisément en remontant au télépilote en localisant précisément sa télécommande. Ces éléments sont des prérequis indispensables à la mise en place d’une « tour de contrôle automatisée » en capacité de surveiller les déplacements des drones offrant un bénéfice certain à la fois aux autorités étatiques et aux utilisateurs de drones. Ainsi les vols de drones pourront se dérouler dans des lieux adaptés pour éviter tout risque lié à la sécurité. C’est dans ce but que l’Organisation de l’aviation civile a lancé une consultation publique en 2017 afin de concevoir et de mettre en œuvre un tel système international de suivi en temps réel des drones civils[50]. Ce dispositif est actuellement à l’étude au niveau européen avec le projet USPACE. Celui-ci consiste en un ensemble de « nouveaux services et de procédures spécifiques conçus pour assurer un accès sûr, efficace et sécurisé à l’espace aérien pour un grand nombre de drones »[51]. De plus, U-SPACE devrait permettre la mise en place d’un système de report des incidents qui permettrait aux citoyens de signaler les incidents, de rapporter des vols de drones qui se déroulent dans des endroits non autorisés ou en cas d’atteinte à la vie privée.
L’ensemble de ces éléments devrait permettre aux télépilotes de posséder une meilleure connaissance des dispositions légales et réglementaires et de limiter les conduites à risque, ces conduites étant plus liées au manque d’information des télépilotes qu’à une réelle intention de nuire. En outre, les autorités françaises et allemandes disposeront d’une meilleure connaissance des drones présents au sein de l’espace aérien.
[1] L’auteur est avocat au barreau de Paris et fondateur du cabinet Selene Avocats qui réunit plusieurs associés évoluant tant en conseil qu’en contentieux, en particulier dans le secteur aéronautique. L’auteur est intervenu sur le sujet des drones en avril 2015 devant l’OACI et ultérieurement dans le cadre de plusieurs colloques aéronautiques à l’étranger (Londres, Shanghai, Bruxelles et Berlin). Il est membre de plusieurs think tanks, dont l’Académie de l’Air et de l’Espace de Toulouse, l’Association Aéronautique et Astronautique de France (3AF) et le Conseil pour les Drones Civils (émanation de la Direction Générale de l’Aviation Civile à Paris). Il enseigne le « droit français et européen des drones civils professionnels à l’IFURTA (Institut de Formation Universitaire et de Recherche du Transport Aérien, rattaché à l’Université d’Aix-Marseille). Il est également télépilote de drones et un utilisateur régulier de l’espace aérien (1900 heures de vol à son actif sur plusieurs types d’avions, et ce, tant en régime VFR qu’IFR). Il est également un utilisateur régulier de l’espace aérien (plus de 1900 heures de vol à son actif sur plusieurs types d’avions, et ce, tant en régime VFR qu’IFR). Pour le contacter : larchambault@selene-avocats.fr.
[2] L’auteur est doctorante en droit public à l’Université de Haute-Alsace et est rattachée au laboratoire du CERDACC (Centre européen de recherche sur le Risque, le Droit des Accidents Collectifs et des Catastrophes, EA n°3992). Son sujet de thèse traite des drones et de la sécurité. L’auteur est doctorante contractuelle et travaille sur la partie juridique du projet ANR (Agence Nationale de la Recherche) OPMoPS (Organized Pedestrian Movement In Public Spaces : Preparation and Crisis Management of Urban Parades and Demonstration Marches with High Conflict Potential). Pour la contacter : cassandra.rotily@uha.fr.
[3] Dominique David & Jean Panhaleux, « Les drones civils enjeux et perspectives », Rapport n°008816-01 au nom du Conseil général de l’environnement et du développement durable (2015), en ligne (pdf): CGEDD <cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/ documents/cgedd/008816-01_rapport.pdf> [perma.cc/D95P-DFFD] à la p 35.
[4] Élise Braun, « La chasse aux drones, le sport de l’été » (31 août 2018), en ligne : Le Figaro.fr <lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/08/31/32001-20180831ARTFIG00329-la-chasse-auxdrones-le-sport-de-l-ete.php> [perma.cc/8A6X-LDYQ].
[5] Élise Braun, « La chasse aux drones, le sport de l’été », ibid.
[6] La Deutsche Flugsicherung est l’organisme de gestion du trafic aérien allemand. 5 Mathias Brandt, Drohnen bedrohen zunehmend die Flugsicherheit [Les drones menacent de plus en plus la sécurité des vols], 16 janvier 2019, en ligne : Statista <de.statista.com/infografik/ 15816/von-piloten-gemeldete-behinderungen-durch-drohnen/> [perma.cc/MCN6-R9SK].
[7] L’arrêté interministériel portant création d’une zone réglementée identifiée LF-R 60 fort de Brégançon dans la région de Brégançon (Var) (JORF n°0078 du 2 avril 2008 p 5546) a créé une zone réglementée dans les limites de laquelle le vol des aéronefs est subordonné à certaines conditions publiées par le service de l’information aéronautique.
[8] Question écrite avec réponse n° 94142, 15 mars 2016 – Tourisme et loisirs – Activités de plein air – Drones privés. Survols proximité aéroport. Statistiques. – Question de BLAZY Jean-Pierre, député de l’Oise, JO 15 mars 2016 – Réponse du Ministère délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche, JO 16 mai 2017.
[9] BOREADES est l’acronyme de « Détection, poursuite, brouillage, leurrage GPS et localisation de la télécommande des Drones Aériens ». Ce projet prévoit la détection radar et optronique panoramique jour-nuit, l’identification optronique, la neutralisation de la télécommande, la neutralisation du géopositionnement et la localisation du télépilote; en ligne : ANR <agence-nationale-recherche.fr/Projet-ANR-15-FLDR-0001> [perma.cc/R2D8TX2R].
[10] ANGELAS est l’acronyme de « Analyse Globale et Évaluation des technologies et méthodes pour la Lutte Anti UAS ». Le projet propose une détection de drones aériens à l’aide de multi capteurs, leur identification à plusieurs kilomètres autour d’installations sensibles et leur neutralisation par le biais de technologies de brouillage et de laser ; en ligne : ANR <agencenationale-recherche.fr/Projet-ANR-15-FLDR-0003> [perma.cc/H4C6-LDB9].
[11] SPID est un projet de « Système de détection multi senseurs innovant », il vise, « à mener une analyse technico opérationnelle des menaces, des particularités des sites et des cibles à protéger, de définir les scénarios de détection et de neutralisation et enfin d’analyser la vulnérabilité du système proposé ».
[12] Laurent Archambault & Alicia Mazouz, « L’envol des drones civils : Appréhension par le droit français d’une pratique émergente », Centre de recherche en droit aérien et spatial, 2016, Occasional paper series n°II, McGill University, en ligne (pdf): <www.mcgill.ca/iasl/files/iasl/lenvol_des_drones_civils_archambaultmazouz.pdf> [perma.cc/954F-R79W] à la p 28 ; Voir aussi « Démonstration combinée de trois projets de lutte anti-drones », (29 novembre 2016), en ligne : Gouvernement.fr <gouvernement.fr/ demonstration-combinee-de-trois-projets-de-lutte-anti-drones> [perma.cc/5EUB-S225].
[13] Ministère de la transition écologique et solidaire, « Règles d’usage d’un drone de loisir », en ligne (pdf) : <ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/regles_usage_drone_ loisir.pdf> [perma.cc/999A-9Z9G].
[14] Bundesministerium für Verkehr und digitale Infrastruktur, Die neue Drohnen-Verordnung
[Les nouvelles règles de Droit sur les drones] (29 mars 2017), en ligne (pdf) : BMVI <bmvi.de/SharedDocs/DE/Publikationen/LF/flyer-die-neue-drohnen-verordnung.pdf> [perma.cc/R9ZU-CCX4].
[15] Dominique David & Jean Panhaleux, « Les drones civils enjeux et perspectives », Rapport n°008816-01, au nom du Conseil général de l’environnement et du développement durable, 2015, en ligne (pdf): CGEDD <cgedd.documentation.developpement-durable.gouv.fr/ documents/cgedd/008816-01_rapport.pdf> [perma.cc/NKB7-YBRP] à la p 36.
[16] Ibid.
[17] CNIL, « Drones et Vie Privée : Un Cadre à Inventer », Rapport annuel d’activité (2014), en ligne (pdf) : CNIL <cnil.fr/sites/default/files/typo/document/CNIL-35e_rapport_annuel_ 2014.pdf.pdf> [perma.cc/EM7R-S2BS] à la p 27.
[18] « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance ».
[19] « Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de ses communications ».
[20] Selon les Hauts-magistrats : « Toute personne a sur son image et sur l’utilisation qui en est faite, un droit exclusif et peut s’opposer à sa diffusion sans son autorisation », Cass. Civ. 1ère, 27 février 2007, n°06-10393.
[21] Le Bürgerliches Gesetzbuch est l’équivalant du Code civil.
[22] Allgemeines Persönlichkeitsrecht (APR) dégagé par la Cour fédérale en 1954.
[23] DSAC (Direction de la sécurité de l’Aviation civile), « Aéronefs circulant sans personne à bord : activités particulières » (2018), en ligne (pdf) : Ministère de la Transition écologique et
solidaire <www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/ Guide_drones_activites_particulieres.pdf> [perma.cc/4JBZ-8LJN] à la p 12.
[24] Tribunal de grande instance de Nancy, ordonnance d’homologation (20 mai 2014).
[25] Le lycéen « contrevenait à une pluralité de dispositions contenues dans le Code des transports et dont la méconnaissance était punissable d’un an d’emprisonnement et de EUR 75 000 d’amende (Article L6142-5, 2° du Code des transports) ». Voir aussi : Drone – Première rencontre du droit pénal avec un drone – Commentaire par Agathe Lepage, Communicationcommerce électronique-revue mensuelle Lexisnexis Jurisclasseur, juillet-août 2014. 25 Le jeune homme a méconnu les dispositions de l’article D133-10 al. 6 du Code de l’aviation civile à savoir que : « Toute personne qui souhaite réaliser des enregistrements d’images ou de données dans le champ du spectre visible au-dessus du territoire national est tenue de souscrire une déclaration au plus tard quinze jours avant la date ou le début de période prévue pour l’opération envisagée auprès du chef du service territorial de l’aviation civile dont relève son domicile ».
[26] Drone – Première rencontre du droit pénal avec un drone – Commentaire par Agathe LEPAGE, Communication-commerce électronique-revue mensuelle Lexisnexis Jurisclasseur, juillet-août 2014.
[27] « Seules les personnes suivantes peuvent être autorisées à l’intérieur de la zone d’exclusion des tiers :
- les personnes impliquées dans le pilotage de l’aéronef ;
- les personnes impliquées dans l’opération des équipements de mission ; – les personnes isolées par un dispositif de sécurité ou une structure leur assurant une protection suffisante ;
- les personnes directement en lien avec l’activité particulière* ayant signé une attestation stipulant qu’elles ont été informées sur les mesures d’urgence définies par l’exploitant en cas d’incident en vol de l’aéronef
* Par « personnes directement en lien avec l’activité », on entend les personnes dont la présence se justifie par la mission elle-même, et qui, sans la mission, ne seraient pas présentes. Ainsi par exemple, lors du tournage d’un film, les acteurs peuvent être considérés comme directement en lien
[28] La règlementation impose que le survol en vertu du S4 doit être réalisé en zone « non peuplée », c’est-à-dire à plus de 50 m :
- des agglomérations ;
- de tout rassemblement de personnes.
Toutefois l’exploitant ne peut garantir de façon certaine que le drone n’approchera pas à moins de 50mètres un rassemblement de personnes impromptu. En revanche, « l’exploitant doit s’efforcer d’identifier les zones à risques (hameaux, plages, terrains sportifs etc.) pour les éviter ».
DSAC (Direction de la sécurité de l’Aviation civile), « Aéronefs circulant sans personne à bord : activités particulières » (2018), en ligne (pdf) : <www.ecologiquesolidaire.gouv.fr/sites/default/files/Guide_drones_activites_particulieres.pdf> [perma.cc/YR7G-V4C4] à la p 50.
[29] Un formulaire de demande (R5-TAAG-4-F1) est disponible en ligne, il doit être adressé à la DSAC/IR territorialement compétente ou au pôle DSAC/NO/OH selon la nature de la demande.
DSAC, « Aéronefs circulant sans personne à bord : activités particulières » supra note 28 à la p 10.
[30] Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), « L’essor des drones aériens civils en France : enjeux et réponses possibles de l’État », Rapport du Gouvernement au Parlement, 2015, en ligne (pdf) : SGDSN <sgdsn.gouv.fr/uploads/2016/10/drones.pdf> [perma.cc/W552-4S5V] à la p 15.
[31] Question écrite avec réponse n° 94142, 15 mars 2016 – Tourisme et loisirs – Activités de plein air – Drones privés. Survols proximité aéroport. Statistiques. – Question de BLAZY Jean-Pierre, député de l’Oise, JO 15 mars 2016 – Réponse du Ministère délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche, JO 16 mai 2017.
[32] Collision Drone Avion, Info Pilote, 17 octobre 2018, en ligne : Info-Pilote <infopilote.fr/Collision-drone-avion_a2034.html> [perma.cc/W8UL-MLF9].
[33] John Large, « Étude, Irrégularités et anomalies relatives aux composants forgés de Creusot forge», Résumé, Large Associates pour Greenpeace France, Ref. N°R3233-R1, 2016, en ligne : Greenpeace <greenpeace.org/archive-luxembourg/fr/news/Nouveau-Rapport-Scandaledes-anomalies-dans-lindustrie-nucleaire–nouvelles-revelations/> [perma.cc/VGD4ACUN].
[34] Tribunal de grande instance de Bourges, ch. corr., 12 octobre 2016, EDF, Proc. Rép. c/ X. et Y. Voir aussi : Jean-Baptiste Charles et Pascal M. Dupont, « Aéronefs – Un cas de survol illicite de drones sanctionné par le juge pénal : premiers enseignements – Commentaire par», Energie-Environnement-Infrastructures-Revue mensuelle Lexisnexis Jurisclasseur-février 2017.
[35] SIA, « ENR 5.1-1 ».
[36] Luftverkehrs-Ordnung (LuftVO), § 21b Verbotener Betrieb von unbemannten Luftfahrtsystemen und Flugmodellen (Interdictions d’utilisation d’aéronefs sans pilote).
[37] Luftverkehrs-Ordnung (LuftVO), § 21 Nutzung des kontrollierten Luftraums und des Luftraums über Flugplätzen mit Flugverkehrskontrollstelle (Utilisation de l’espace aérien contrôlé et de l’espace aérien au-dessus des aérodromes avec des unités de contrôle du trafic aérien).
[38] Arrêté du 1er mars 2019 fixant la liste des zones interdites à la prise de vue aérienne par appareil photographique, cinématographique ou tout autre capteur, JORF n°0053 du 3 mars 2019.
[39] Morgane Jardillier, « Fête du citron : tout ce que vous devez savoir sur la sécurité » (7 mars 2018), en ligne : Gendinfo www.gendcom.gendarmerie.interieur.gouv.fr/Sur-leterrain/Immersion/Fete-du-citron-tout-ce-que-vous-devez-savoir-sur-la-securite [perma.cc/A2Y3-YCH7].
[40] Elise Braun, « La chasse aux drones, le sport de l’été » (31 août 2018), en ligne : Le Figaro <lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/08/31/32001-20180831ARTFIG00329-la-chasse-auxdrones-le-sport-de-l-ete.php> [perma.cc/YB2L-2X8W].
[41] Agence nationale des fréquences (ANFR), « Brouillage à Nantes : l’ANFR a résolu un grave brouillage à l’aéroport » (11 août 2017), en ligne : <www.anfr.fr/fr/toutes-lesactualites/actualites/brouillage-a-nantes-lanfr-a-resolu-un-grave-brouillage-a-laeroport/> [perma.cc/4275-ZB5U].
[42] Dedrone, en ligne : <dedrone.com> [perma.cc/TXZ6-AZM9].
[43] CerbAir, en ligne : <www.cerbair.com/fr/> [perma.cc/6YZJ-YKPG].
[44] Article L33-3-1 du Code des postes et des communications électroniques.
[45] Question écrite avec réponse n° 94142, 15 mars 2016 – Tourisme et loisirs – Activités de plein air – Drones privés. Survols proximité aéroport. Statistiques. – Question de BLAZY Jean-Pierre, député de l’Oise, JO 15 mars 2016 – Réponse du Ministère délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche, JO 16 mai 2017.
[46] Cette formation peut également être suivie auprès des fédérations FAAM/UFOLEP en présentiel, toutefois la démarche en ligne est moins contraignante du fait de son accès à distance évident.
[47] À titre d’exemple, l’on peut citer le formulaire CERFA 15476*02 relatif à la Déclaration préalable au vol en zone peuplée d’un aéronef circulant sans personne à bord (drone), en ligne : Service Public <service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/R42699> [perma.cc/69A6-X5G7]
[48] Bundesministerium für Verkehr und digitale Infrastruktur, Die neue DrohnenVerordnung [Les nouvelles règles de Droit sur les drones], (mars 2018), en ligne: <bmvi.de/SharedDocs/DE/Publikationen/LF/flyer-die-neue-drohnen-verordnung2.pdf?__blob=publicationFile> [perma.cc/558S-WWBC].
[49] Le ministère de la transition écologique et solidaire a converti la fiche simplifiée « Règles d’usage d’un drone de loisir » en vidéo intitulée « Usage d’un drone de loisir : les 10 commandements » en ligne : Youtube <www.youtube.com/watch?v=t2F1rNtfk08> [perma.cc/8BJE-BKD2].
[50] AFP, « L’OACI veut un suivi des drones en temps réel » (10 mai 2017), en ligne : Challenges.fr <challenges.fr/societe/l-oaci-veut-un-suivi-des-drones-en-temps-reel_472569> [perma.cc/6DWM-L724].
[51] D’après Julie Ibalot, experte en charge de la coordination des activités associées au développement du concept U-space au SESAR (Single European Sky ATM Research). Voir Erwan Lecompte, « L’Europe planche sur une législation applicable à tous les drones civils » (19 janvier 2018), en ligne : Sciencesetavenir.fr <sciencesetavenir.fr/high-tech/drones/l-europe-planchesur-une-legislation-applicable-a-tous-les-drones-civils_119969> [perma.cc/RK72-3QZL].