L’HOMME SUR MARS : LES PREPARATIFS

Suite à la très intéressante conférence organisée le 12 novembre dernier par l’association 3AF sur le thème « l’Homme sur Mars : Les préparatifs », à laquelle le cabinet Sélène Avocats a eu le plaisir d’assister, il parait pertinent de revenir sur les points clés de cette présentation.

La première intervention, celle de Richard Heidmann,  ingénieur en propulsion spatiale, fondateur et vice-président de l’Association Planète Mars, section française de la Mars Society, a consisté à livrer un historique précis et technique des évolutions relatives à la conquête de la Planète Mars depuis le lancement de la mission APOLLO en 1969.

La conquête de Mars est-elle envisageable compte tenu des évolutions technologiques ? Quelle puissance mondiale est au-devant de la course à la conquête Martienne ?

  • Les avancées technologiques: La conquête de la planète Mars requiert la conception d’un lanceur « super lourd » capable de projeter au moins 100 Tonnes en Orbite Terrestre. A ce jour, aucun projet en cours ne semble encore au point, mais de nombreuses progrès font présager qu’une telle technologie n’est pas inaccessible
  • Les puissances qui sont en concurrence:
    • Malgré plusieurs blocages historiques du congrès américain, les USA sont très actifs dans la recherche de la conquête de Mars. Les projets privés d’Elon Musk (Falcon 9) et «  New Amstrong » de Blue Origin (Jeff Bezos) semblent très prometteurs et font déjà preuve d’une maitrise technique stupéfiante ;
    • La puissance chinoise n’est pas en reste avec le projet «  Long March 9 », il s’agit d’une concurrence réelle et sérieuse
    • Concernant la Russie, son programme spatial est également prometteur (même si certains pensent que le succès du projet américain « Falcon 9 » d’Elon Musk et l’étape franchie avec la capsule Crew Dragon, pourraient constituer une « mauvaise nouvelle » pour Roscosmos et Soyouz).

En conclusion, la conquête de la planète Mars n’est pas pour tout de suite, mais ne semble pas inaccessible. Elle requiert l’utilisation de technologies très avancées, et par conséquent très onéreuses.

 

La seconde intervention, celle d’Aline Decadi, ingénieure en sureté et sécurité des systèmes critiques lanceur administratrice et responsable communication de l’Association Planète Mars, a consisté à présenter la mission AMADEE 18. Il s’agit d’une simulation de la vie d’astronautes sur Mars. Cette simulation s’est déroulée pendant  cinq semaines en 2018, dans le désert d’OMAN.

Comme l’expliquait Aline Decadi, l’attente de la disponibilité d’un lanceur adapté (et des vaisseaux et autres habitats) est mise à profit pour mener sur Terre des simulations d’entrainement à l’exploration, peu coûteuses mais particulièrement utiles. Elles permettent de mettre en œuvre des rovers, des drones, des outils de communication et de navigation, tout en garantissant la sécurité des astronautes.

Quelles sont les problématiques liées à l’exploration de la Planète Mars aujourd’hui ?

  • L’utilisation de nouvelles technologies : Rover, drone etc , se révèlent être des technologies indispensables pour une découverte sécurisée de Mars, mais encore faut-il adapter ces technologies à l’environnement Martien. Par ailleurs, ces expéditions requièrent des combinaisons d’astronaute particulièrement performantes qui sont alors testées par les volontaires de la mission AMADEE 18.
  • Les expérimentations : test de la culture hydroponique, recherche des propriétés du sol et de la roche (sur Mars, il faudra pouvoir cultiver des végétaux pour pouvoir se nourrir)
  • La communication : La simulation permise par la mission AMADEE 18 permet de simuler des échanges de communication inter planètes afin de prévoir une organisation en cas de prise de décision urgente.
  • Les analyses sociologiques, expériences du confinement sont également des facteurs à expérimenter pour appréhender au mieux les besoins et ressentis des astronautes.
  • Problématiques médicales : Expositions aux radiations, maladie pendant le voyage etc., supposent un suivi et une analyse médicale très précises.

 

En conclusion :

– des missions comme celles d’AMADEE 18 se tiennent afin de répondre au mieux aux problématiques soulevées par la question de l’Homme sur Mars, le temps que des lanceurs adaptés soient mis au point ;

– alors que la conquête de Mars est attendue comme la prochaine étape de l’exploration spatiale et que des entreprises privées évoquent sa colonisation, son statut notamment juridique ne semble pas nécessairement bien encadré. D’après le Traité de l’espace, entré en vigueur en 1967, “L’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen“. Les déclarations de ce traité pour restreindre le contrôle de la propriété privée font fréquemment l’objet de discussions de la part de ceux qui revendiquent le droit de vendre des titres de terrains situés sur la Lune ou sur tout autre corps (dont Mars), mais ces revendications n’ont jamais été validées par la justice.

Baptisée « Space Act », une loi américaine de 2015 a rompu unilatéralement le traité de l’espace  de 1967 et est de nature à autoriser désormais les entreprises des Etats-Unis à s’emparer des ressources de l’espace (elle leur permettrait non seulement de prospecter l’eau et les métaux des astéroïdes et des planètes, mais également de les extraire et de les vendre).

L’environnement spatial et ses effets sur les satellites

Retour sur la conférence organisée par 3AF et animée par Sébastien Bourdarie, ONERA, responsable de l’unité de recherche Environnement Radiatif Spatial ; Département Physique, Instrumentation, Environnements & Espace (DPHY/ERS)

 

Le cabinet SELENE Avocats a eu le plaisir d’assister le 13 octobre à cette conférence qui s’est tenue à la mairie du XVème arrondissement de Paris. Cette soirée fut organisée par l’A3F (Association Aéronautique et Astronautique de France) à qui il doit être rendu hommage.

 

Depuis les débuts de la conquête spatiale, l’insertion des activités humaines dans le milieu extra-atmosphérique n’a cessée d’augmenter. Source d’inspiration et moteur de l’innovation, le milieu spatial rend néanmoins complexe toute insertion de l’homme et des équipements développés par lui. Des astronautes présents à bord de l’ISS jusqu’au robot Insight fraîchement posé le 26/11/2018 sur la planète Mars, tous sont atteints par des particules radioactives, dont nous sommes protégées, sur terre, grâce à notre atmosphère. Ainsi, les satellites artificiels vont aussi subir les effets de cet environnement hostile.

 

Ces derniers se positionnent principalement sur trois orbites :

– L’Orbite géostationnaire, sur laquelle évolue les satellites utilisés pour les activités de télécom.

– Un peu plus basse, l’orbite sur laquelle vont s’insérer les satellites des systèmes de positionnement comme Galileo ; un projet européen ayant pour but de rendre l’Europe indépendante du système de navigation  américain actuel, le GPS.

– Enfin l’orbite basse qui va concerner les satellites d’observation, tels que Jason ou QuickBird.

 

Les effets décrits dans cette conférence proviennent essentiellement du soleil qui va générer des émissions de particules radioactives. Tous les satellites artificiels en subissent les conséquences, même s’ils évoluent sur des orbites différentes. Notre étoile présente des périodes d’activités variables qui se répètent environ tous les 11 ans ; c’est le cycle solaire qui présente des périodes d’activités croissantes et décroissantes.

 

Si l’on réfléchit en termes financiers, il serait tentant de penser que les constructeurs puissent profiter des phases décroissantes pour adapter l’équipement des satellites ou leur blindage en fonction d’une baisse de l’activité solaire ; mais ce serait méconnaître un autre phénomène.

 

Les autres étoiles impactent aussi notre environnement. Elles vont générer un rayonnement cosmique contenant également des particules radioactives et qui a la particularité d’être antihoraire au rayonnement solaire ; lorsque le rayonnement solaire est à son minimum, le rayonnement cosmique est à son maximum et inversement.

 

Les satellites encaisseront donc toujours des particules qui affecteront leur évolution dans le milieu extra atmosphérique. Aujourd’hui, il est impossible de prévoir suffisamment de blindage pour stopper les particules les traversant. Cela générerait un coût trop important et rendrait aussi les satellites trop lourds pour pouvoir être utilisés.

 

De plus, chaque satellite est conçu pour évoluer selon une orbite propre, les charges de neutrons ou de protons variant fortement entre chacune, nous ne pourrions les concevoir pour répondre efficacement aux spécificités de chaque orbite.

 

Les effets des radiations décrites ci-dessus sur ces corps artificiels peuvent être différents ; l’on observe notamment :

– des effets de vieillissement, sur les panneaux ou les équipements de contrôle thermique par exemple.

– des événements singuliers, induits par des particules traversant un composant électronique ; il en existe de plusieurs sortes et elles peuvent créer des courts circuits pouvant amener à la destruction thermique des composants électroniques.

– des charges électrostatiques, qui peuvent conduire à la perte de satellites. En 1994, les canadiens ont constaté des anomalies dans le fonctionnement de deux satellites à cause de ce phénomène.

 

De nos jours, il est intéressant de constater que les évolutions techniques et technologiques ont permis de rendre relativement sûrs le lancement et l’insertion des satellites en orbite.

L’enjeu des assurances spatiales pourrait donc être amené à se déplacer non plus sur les problématiques de lancement et d’insertion des corps artificiels, mais bien sur celle de leur pérennité face aux effets que les radiations font subir aux satellites tout au long de leur vie.